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tim
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tim


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MessageSujet: Commentaire de texte   Commentaire de texte EmptyDim 23 Mar - 20:23

Si ce n'est pas magnifique ça...


Certains poètes et auteurs français sont injustement méconnus, et mésestimés par l’Académie ; on ne saurait trop reprocher aux institutions universitaires de notre pays ce manque d’ouverture en matière de poésie contemporaine. C’est afin de pallier à ce manque dans le paysage culturel francophone qu’a été ouverte la section de Poétique Contemporaine, au sein du département de Tétrapiloctomie de l’Université Virtuelle d’Insignifiance Comparée.

Le cours d’aujourd’hui portera sur un texte d’un auteur peu étudié, j’ai nommé : Ivan-Chrysostome Dolto, plus connu sous son nom de plume : Carlos.

Nous nous intéresserons plus spécifiquement à l’une de ses pièces littéraires majeures : « Tirelipimpon ».
Vous pouvez sortir vos cahiers. Je vais me livrer devant vos yeux esbaubis à un commentaire linéaire de ce chef d’œuvre intemporel. Dans la mesure où je m’adresse à une bande d’ignorants, je tâcherai toutefois de rendre cette lecture critique la plus digeste possible. Questions en fin de séance.

Bon, prenons le texte, et explorons en pas à pas les subtilités.

« Attention les p'tits loups / Vous êtes prêts pour le tirelipimpon ? / Ouais ! »
Dans cette première strophe, Carlos prend son public à témoin : il s’adresse à lui par le terme « les p’tits loups », ce qui pourrait laisser à penser qu’il considère son auditoire comme jeune, mais néanmoins féroce ; en réalité, qui sait lire entre les lignes devine ici une sourde angoisse du jugement : rendre « p’tits » les « loups » auxquels il parle est un moyen de dédramatiser, d’exorciser cette peur maladive qui imprègne tout ce poème.


« L'été dernier, fatigué,/ J'suis parti sur une chaloupe / Bronzer ma carte de crédit / A la Guadeloupe / Dans un palace en bambou / J'ai rencontré Banana / La fille du roi du vaudou / Qui m'a fait un truc extra
{une voix :}
Mais qu'est-ce qu'elle t'a fait Banana ? »
Ici, l’angoisse et le spleen de l’auteur sont évidentes : il est « fatigué » du monde et ne désire que le repos (peut-être celui de la tombe) ; lassé de n’être considéré que comme un consommateur (« bronzer ma carte de crédit »), il décide de se retirer en exil à la Guadeloupe. Mais il découvre que, même là, le fric (un « palace ») et le toc (« en bambous ») sont rois. Il est néanmoins guéri de ses peines par l’intervention de « Banana ». De toute évidence, cette femme, à l’instar de l’Aurelia de Gérard de Nerval, est un être rêvé, irréel (son nom seul suffit à l’indiquer : à la Guadeloupe, on porte des prénoms français, et non des sobriquets exotico-kitsho-ridicules) ; cet aspect imaginaire et magique est renforcé par la référence à un « roi » (Banana est donc une princesse, comme dans les contes de fées) et au vaudou (quoique cette pratique religieuse n’ait en elle-même rien de surnaturel, elle reste, dans l’esprit des européens, attachée à un imaginaire magique).
Notons que, dans un premier temps, Carlos n’explicite pas ce que lui a révélé Banana : c’est une voix extérieure (celle de sa conscience, peut-être ? Ou encore celle de Dieu) qui l’interrompt et l’oblige à parler.


« {Refrain:}
Tirelipimpon sur le Chihuahua
Tirelipimpon avec la tête avec les bras
Tirelipimpon un coup en l'air un coup en bas
Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas ! »

Les trois premiers vers ne sont pas difficiles à interpréter : de toute évidence, l’auteur estime que l’on peut atteindre le bonheur en martyrisant (« un coup », « avec la tête avec les bras ») des petits chiens (« le Chihuahua »). Pour avoir expérimenté la chose, je dois dire que je suis d’accord avec lui : c’est vachement marrant, de shooter dans des chihuahuas, et ça défoule.
Le quatrième vers, par contre, ne trouvera son explication que vers la fin de l’œuvre.


« Bronzé comme une coco-girl / Je suis parti à Tokyo / Pour voir le soleil levant / C'est beau ! c'est beau ! / Au pied du Fuji-Yama / J'ai rencontré Tatoumi / La mine de pointe des geishas / Qui m'a fait un truc inouï
{une voix :}
Mais qu'est-ce qu'elle t'a fait Tatoumi ?
(Refrain) »

Nous constatons ici que Carlos a quitté Banana ; celle-ci, toutefois, lui a ouvert les yeux et l'a libéré d'une société aliénante : c’est lui (et non sa carte de crédit) qui est bronzé.
Décidé à poursuivre sa quête, il se dirige vers le « soleil levant » (c’est à dire vers la lumière). On pourrait peut-être voir dans ces vers une symbolique Franc-maçonnique (Carlos part, littéralement, vers l’Orient), mais ne nous égarons pas. C’est auprès d’une geisha (c’est à dire d’une prostituée) que l’auteur poursuit son voyage : tel Cuchulainn, il ne sera un homme accompli qu’après avoir passé l’épreuve de la Femme. La courtisane, raffinée et mystérieuse orientale, incarne tous les charmes et tous les mystères d’un monde inconnu aux mâles. La révélation de Tatoumi est pourtant simple : identique à celle de Banana, elle nous apprend qu’il est en ce monde certaines valeurs universelles, et que, quelles que soient nos religions, ethnies ou nationalités, nous aimons tous shooter dans des petits chiens.


« Comme j'avais un rendez-vous / J'ai pris mon jeans mes babouches / Et sur le Nil j'suis parti / M'la couler douce / A l'hôtel des Pyramides / J'ai rencontré Osiris / La Madona des harems / Qui m'a fait un truc pas triste !
{une voix :}
Pas triste, mais qu'est-ce qu'elle t'a fait Osiris ?
(Refrain) »

Cette strophe est particulièrement intéressante : au début, Carlos exprime un besoin pressant de partir (un « rendez-vous »), mais va ensuite « se la couler douce » : il a besoin d’une pause, d’un moment de paix dans sa quête. En Egypte (qui peut ici être perçue comme la civilisation des origines, le commencement de tout), il rencontre « Osiris ». Tout le monde sait que ce dieu est un homme. Or, Carlos semble le considérer comme une femme. Cette féminisation de la divinité n’est certainement pas due à de mesquins besoins de rimes (« Isis » aurait alors fait l’affaire), mais révèle bel et bien que dans sa quête d’absolu, l’auteur a expérimenté l’homosexualité. On commence à mieux comprendre l’angoisse qui étreignait le chanteur au début du texte : il est en train de faire son coming out. On comprend mieux pourquoi il a quitté la France : enfermé dans un véritable carcan social, il ne pouvait assumer son amour des hommes ; de même, on comprend pourquoi il n’a pas été capable de demeurer auprès de Banana, ni auprès de Tatoumi : ce qu’il cherchait, de femme en femme… c’était un homme.
Dès lors, le quatrième vers du refrain nous apparaît clairement, dans toute sa pureté : Carlos se rêve vêtu en danseuse andalouse (« mes castagnettes »), touchant les muscles ronds et durs (les « ananas ») de quelque mâle aussi costaud qu’exotique. C’est ce fantasme qu’au travers de la martyrisation des chihuahuas Tatoumi et Banano ont tenté de lui enseigner.


« {une voix :}
Et après... et après... / Est-ce que tu as vu la Sophie / Ma copine du Burundi qui fait danser les bananes dis ? / Oui, soké, soké, oui / Sur le chemin du retour / Comme il faisait chaud, dis donc / Je suis passé voir Sophie / C'est bon, c'est bon ! / Sous un baobab géant / Elle m'a fait l'eucalyptus / Un truc qu'aiment les éléphants / Mais là je t'en dis pas plus !
{une voix :}
Mais qu'est-ce qu'elle t'a fait la Sophie ?
{au Refrain, ad libitum} »

Maintenant qu’il a assumé sa bisexualité, Carlos est enfin capable d’envisager une relation saine et sereine avec une femme ; ce n’est d’ailleurs pas un hasard si sa dernière rencontre se nomme Sophie (en grec : la sagesse) : il est au bout de sa quête. L’image de l’éléphant (symbole de sagesse, de stabilité, de connaissance) nous confirme d’ailleurs qu’il a enfin achevé son chemin (on peut y voir une référence aux voyages de Sindbad le Marin : c’est également avec un éléphant que l’éternel vagabond achève son périple).

Comme vous l’avez compris, le « Tirelipimpon », loin d’être une simple chanson populaire, comme nombre d’imbéciles le croient, est un véritable chef d’œuvre en demi-tons, empreint d’une sensibilité exquise. Il relate une errance, une quête de l’identité sexuelle et affective de l’auteur.

Vous pouvez déposer vos questions en commentaires.
Le prochain cours portera sur l’œuvre littéraire des Musclés.

...
Une question de l'élève Ttraxxx :
"boaf ! carlos ? c po celui ki fé des blagues raciste ? "
Si, mon petit, il en fait aussi. Mais n'as tu pas encore compris que l'incroyable peur du jugement et du regard de l'Autre qui emplit toute l'oeuvre d'Ivan-Chrysostome Dolto le pousse fréquemment à avoir recours à un masque de beaufitude et de grossetêtise afin de dissimuler sa sensibilité à fleur de peau et ses questionnements intérieurs ? Un peu de tolérance envers ce grand auteur si tourmenté !

...
Au fond de la classe, on voit Mikio qui s'agite et qui demande : "M'sieu, M'sieu une question? Ne pourrait-on pas voir une légére déviance vers la zoophilie chez Carlos lorsqu'il parle d'éléphant ou alors un égo démesuré allant peut-être jusqu'à sous-entnedre que son phallus à la taille de celui d'un éléphant?"
Si on veut, mais je pense qu'il vaut mieux prendre ici l'éléphant à un sens symbolique : certes, il est possible que Carlos s'y identifie; en ce cas, il estime la comparaison valide en cela qu'il est lui-même fort pesant, et qu'il prétend avoir une grosse...trompe (voir la symbolique virile du baobab). Concernant la zoophilie... ça ne me semble pas évident, mais sait-on jamais; peut-être, dans sa quête d'absolu, notre héros a-t-il également essayé cela (épreuve de la bestialité et du retour à la nature brute)...

...
Le petit Vixent s'agite frénétiquement, et pose enfin la question qui lui brûle les lèvres : "Carlos c'était pas aussi un chanteur-terroriste? "
Rires dans la classe. Air amusé du professeur.
Oui, mais non, Carlos et Carlos sont deux personnes différentes (d'ailleurs je tiens à te préciser qu'il y a en ce monde de nombreuses personnes dont le prénom est "Carlos"). Ceci dit, il est vrai que parfois, certains couplets du chanteur peuvent passer pour du véritable terrorisme auditif.
...

C’était un communiqué du Professeur Lapinou, Directeur de Recherche de la section de Poétique Contemporaine à l’UVIC.
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