voila une autre nouvelle que j'ai écrite et que personnellement je préfère
Voyage
Après un agréable voyage passé en la compagnie d’un vieillard patraque je me retrouvais enfin devant la porte que je voulais voir. Quel faste ! Exactement comme je me l’imaginais. Je me laissais aller à ma contemplation, oubliant totalement mes amis qui m’attendaient loin d’ici. J’admirais la finesse des feuilles d’or sur les grilles et je me demandais quel pouvait être l’orfèvre qui avait érigé une telle œuvre.
Je m’engouffrais dans la ville par la porte en question et je passai par le péage, tout en cristal :
-Ticket ! me fit l’employée
-Voila.
J’aurais pu croire à un meilleur accueil à cet endroit. Mais bon, ils n’ont pas besoin de faire de la publicité ou de s’efforcer sur l’accueil pour attirer les touristes.
-Je suis désolé, mais il y a un problème avec votre code ticket.
-Mais c’est impossible je n’ai pas fait tout ce voyage pour rien, fis-je en gémissant
-Je regrette… commença-t-elle
-C’est inadmissible ! Appelez immédiatement votre supérieur hiérarchique !
Ce qu’elle fit. Elle appela le responsable au micro et attendit avec moi. Une file ininterrompue s’était formée et les gens commençaient déjà à s’impatienter. Moi-même j’étais exaspéré par la situation : voir à deux pas de moi le nirvana, la ville que j’avais tant désiré visiter, mais qui demeurait inaccessible, avait le don de tendre mes nerfs comme des cordes de violon.
Je vis arriver au loin un vieux barbu, en uniforme de policier, qui porter en guise de sifflet une lyre désaccordée. L’employée lui fit des salamalecs et expliqua la situation. Le vieillard tapa quelque chose sur l’ordinateur.
Il grogna dans sa barbe, et murmura :
-En effet, la venue du matricule 103 634-A n’était pas prévue.
-Mais monsieur, commençai-je, votre collègue, monsieur Pierre, m’avait pourtant ouvert les portes et m’avait autorisé à pénétrer dans ce pays !
-Ce vieux gâteux, il faudra bientôt le remplacer, fit-il, un mince sourire aux lèvres, et maintenant filez, vous nous faites perdre notre temps
-Mais…
-Police, renvoyez cet hurluberlu.
Une cohorte de policemen me tomba dessus, et je me débattis comme un beau diable en suppliant au vieux barbu la faveur de visiter furtivement la ville derrière le péage pour laquelle j’étais venu, au moins prendre une photo, mais il refusa. Je repassai rapidement devant la porte dorée qui m’avait émerveillé. Devant celle-ci stationnait toujours l’employé Pierre dont J’eus le temps d’injurier pour son incompétence. Les bobbies me jetèrent dans le précipice.
A des milliers de kilomètres de là, un observateur attentif aurait pu remarquer qu’un jeune homme dans le coma après sa tentative de suicide manquée, venait de se réveiller, hagard.